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Michel Mornet : Et si l’expérience de la vulnérabilité était leur force ?
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Être jeune est souvent associé à l’idée d’avoir l’avenir devant soi. Les dernières décennies ont montré que cela n’était plus toujours le cas avec un taux de chômage des jeunes tristement élevé, coexistant avec le rêve d’un avenir meilleur entretenu par l’innovation et la tech. Le contraste était saisissant, avant la crise, avec aux extrêmes, tant de jeunes sans travail et des CEO à peine trentenaires et déjà millionnaires.
Et puis le COVID 19 est arrivé, générations X, Y ou Z, avec ou sans avenir, tous se sont retrouvés logés à la même enseigne, faisant face à une incertitude partagée. Tous ont fait la même expérience, celle de leur propre vulnérabilité (du latin « vulnus » la blessure) et dans le cas présent la potentialité d’être personnellement touché. La solitude, la précarité économique, la maladie, la mort, s’ils pouvaient se sentir fragiles avant, d’un seul coup, leur vulnérabilité physique et économique, leurs questionnements sur leur place dans les organisations et dans la société ont pris une toute autre ampleur.
Des métiers manquants de reconnaissance sociale se sont subitement retrouvés sous les projecteurs : aides-soignants, agriculteurs, ouvriers, caissiers, routiers, éboueurs, etc. Des métiers, qui ont en commun d’être manuels et indispensables à nos besoins essentiels. Les organisations se sont largement penchées sur leur « purpose » aux cours des dernières années, la crise actuelle a jeté un éclairage sans équivoque sur la question du : « A quoi je sers ? » Aujourd’hui nombreux s’interrogent sur leur utilité sociale, les jeunes générations apparaissent encore plus déterminées dans ce sens. Thomas, 26 ans, qui en plus d’un diplôme de grande école a complété ses études par un CAP en témoigne : « Cette fois-ci c’est décidé, je m’installe à la campagne, je monte mon atelier de menuiserie et je me lance dans l’apiculture. Je gagnerai peut-être moins, mais, au moins, je saurai pourquoi je travaille ! ». 5 millions de Français se sont retrouvés du jour au lendemain en télétravail, ou plutôt en travail à domicile contraint.
Ainsi, Adèle, 28 ans, chef de projet en région parisienne, s’est confinée avec son compagnon intermittent du spectacle et leur petite fille de 9 mois, dans un studio de 30 m2 : « J’envie mes collègues plus âgés qui n’ont pas ce problème d’espace. Et puis, je débute dans la vie professionnelle et je sens que j’ai encore besoin de la transmission de mes collègues plus expérimentés. »
Le télétravail généralisé a fait voler en éclat la sacro-sainte séparation vie pro / vie perso, érigée en rempart depuis l’ère industrielle et les Trente Glorieuses. Adèle confie : « Cette période m’a vraiment permis de profiter de mon bébé et de son papa, ils font désormais partie de mon quotidien de travail, mes collègues ont commencé à se lier à eux ! Je n’aurais jamais imaginé rire autant et même pleurer au bureau. Je ne crois pas que je vais pouvoir reprendre mon travail comme avant. »
Cette situation inédite a renforcé le désir d’authenticité et d’alignement porté par cette génération, car au fond, au travail ou à la maison, c’est bien de la même personne et de la même vie dont il s’agit. Cette fusion vie-pro/vie perso « a permis » de partager ses faiblesses, ses émotions et de dire ses peurs. Être vulnérable n’est plus honteux, partager sa vulnérabilité devient un levier de cohésion au travail.
Tout en gardant un rapport ambigu à la consommation, les plus jeunes générations avaient conscience de la fragilité de l’environnement. La pandémie et le confinement ont révélé les fragilités de notre système tout entier, nous confrontant collectivement à nos propres limites physiques et psychologiques. Paradoxalement, les 20 – 30 ans vont probablement être parmi les premières victimes économiques d’une crise qui devait principalement concerner la santé des seniors.
Ce sera aussi l’occasion d’agir en rupture avec le monde d’avant, de casser les codes et de réfléchir à un futur différent. Nul doute que cette crise va accélérer l’aspiration profonde à davantage de simplicité, au désir d’une vie plus reliée et à une participation utile à la société. Cette génération sera peut-être plus forte que la précédente car elle aura plus tôt éprouvé sa vulnérabilité, celle des autres et de la société toute entière !
Michel Mornet
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